Point de vue de la banque natixis sur l’euro et la zone euro

Zone euro : les inconvénients de l’intégration monétaire sans les avantages

Voici ce qu’écrit l’équipe de Patrick Artus :

« La création de l’euro a eu les coûts macroéconomiques attendus pour les pays de la Zone euro :

  • avec la disparition des politiques monétaires nationales, et l’absence de budget fédéral, l’incapacité à corriger les chocs et les structures asymétriques, d’où l’hétérogénéité croissante de la Zone euro ;
  • le coût excessif des dévaluations internes qui empêche qu’elles soient utilisées pour corriger les handicaps de compétitivité dus aux écarts entre les fonctionnements des marchés du travail.

Mais, la création de l’euro n’a pas eu les avantages microéconomiques attendus, liés à la disparition du risque de change :

  • depuis 2010, la mobilité des capitaux entre les pays de la Zone euro a disparu, et l’épargne ne finance plus les investissements efficaces ;
  • le marché unique n’a pas développé les échanges commerciaux entre les pays, ni permis l’apparition de grandes entreprises dans les secteurs stratégiques. Au total, la création de la Zone euro a eu les coûts macroéconomiques prévisibles, mais n’a pas apporté les progrès microéconomiques espérés. »

L’Allemagne coopérera avec les pays du sud non pas par volonté politique, mais parce qu’elle y est condamnée

Malgré l’apparente entente entre Emmanuel Macron et Angela Merkel, la toile de fond reste la même.

On a toujours d’un côté un président français qui fait des pieds et des mains pour inspirer confiance à l’Allemagne… alors que l’Etat français est toujours l’incarnation même de la dépense publique en Europe et dans le monde.

De l’autre, on a une Allemagne qui regarde ce triste spectacle leurs yeux écarquillés, avec cependant une main qui n’est pas aussi forte qu’on pourrait l’imaginer, comme le rappelait Natixis le 13 février.

Natixis Allemagne en position faible dans la zone euro

En réalité, Berlin est loin d’être en mesure de dicter les règles de politique économique qui l’arrangeraient, et ce pour au moins trois raisons, comme l’explique Natixis :

  • « L’explosion de l’euro aurait des conséquences dramatiques pour l’Allemagne, comme l’explosion du Système monétaire européen en 1992 ; l’Allemagne est donc forcée d’accepter tous les mécanismes qui protègent l’intégrité de la Zone euro en cas de crise ;
  • la régionalisation croissante des échanges, avec le retour des productions au voisinage des acheteurs finaux des biens, conduit à ce que l’Allemagne ait besoin d’un marché intérieur dynamique de la Zone euro ; l’Allemagne doit donc contribuer à soutenir la demande intérieure de la Zone euro, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui ;
  • les autres pays de la Zone euro ont une très forte dette, sous diverses formes (détention en Allemagne de dette publique des entreprises, des banques des autres pays, balances Target 2) vis-à-vis de l’Allemagne ; l’Allemagne est donc contrainte de collaborer au maintien de la solvabilité des emprunteurs des autres pays de la Zone euro. »
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