Article des echos : le changement de statut de l'euro

La zone euro est devenue une des principales pourvoyeuses de liquidités à l’échelon mondial, du fait du très bas niveau des taux d’intérêt. L’évolution de l’euro va ressembler à celle du yen, devise refuge baissant quand les marchés sont bien orientés et montant quand les inquiétudes reviennent.”

Voici ce qu’explique un article du journal économique français “les échos”. Le lien est disponible ici.

J’avais remarqué cette tendance au moment de la crise de l’euro en 2010-2012. La parité avec le dollar américain avait fortement évolué pendant la crise, au point d’arriver à un euro valant presque 1,5 dollars.

Voici l’article des échos.fr

Par Nessim Aït-Kacimi Publié le 10 janv. 2020 à 16h55Mis à jour le 10 janv. 2020 à 17h16

La «  Japanification  » de l’euro est en bonne voie. La devise européenne devient la devise d’emprunt mondial, ce qui modifie son comportement et la rapproche du yen, selon George Saravelos, stratège à la Deutsche Bank. Les investisseurs étrangers comme les fonds souverains et les banques centrales sont peu enclins à investir en Europe, compte tenu des taux peu attractifs du marché obligataire et des faibles perspectives de croissance économique.

Réservoir mondial

« La zone euro émerge comme la pourvoyeuse de liquidités du système financier mondial, remplaçant lentement le rôle jusqu’ici occupé par le dollar », constate George Saravelos.  L’internationalisation de la devise européenne – son usage sur les marchés internationaux – est favorisée par la politique de taux très bas de la Banque centrale européenne (BCE). Pour la première fois, les émissions d’obligations en euros par les entreprises non-domestiques ont dépassé leurs émissions en dollars. Les sociétés empruntent à des taux bien plus bas en Europe qu’aux Etats-Unis. Cet écart est encore plus important que lors de la bulle Internet, en 1999.

Prise de risques

Les investisseurs et spéculateurs (hedge funds) du monde entier empruntent des euros à un bas coût. Ils les vendent ensuite pour investir sur d’autres marchés (émergents, Asie, Etats-Unis), notamment obligataires, qui offrent des rendements plus élevés dans le cadre d’opérations dites de «  carry-trade  ». La devise européenne finance une prise de risque mondiale et va évoluer à l’inverse de la bonne humeur des marchés, devenant une monnaie refuge.

En 2019, lors de l’envolée des places mondiales, l’euro avait cédé 2,1 % par rapport au dollar et 1,7 % globalement. Depuis le début de l’année il cède 1,2 % alors que les marchés boursiers affichent des gains de 1 % à 3 %. Si l’inquiétude revient, les investisseurs vendront des actifs risqués et la devise européenne remontera.

Selon le stratège de la Deutsche Bank, la devise européenne va de plus en plus connaître des  mouvements similaires au yen  : des baisses graduelles et une faible volatilité quand les marchés mondiaux sont bien orientés, suivis par de brusques remontées lorsque la situation se détériore. La volatilité à 1 an de l’euro-dollar vient d’atteindre un nouveau plus bas historique, signe que les marchés sont jusqu’ici peu inquiets des tensions géopolitiques entre les Etats-Unis et l’Iran.

En 2020, les marchés anticipent une remontée de l’euro

2019, année de l’extinction de la volatilité des monnaies

Recyclage des liquidités

Les banques européennes alimentent le reste du monde en liquidités. Elles prêtent des euros aux non-résidents (banques, entreprises, institutionnels…) à un rythme jamais vu depuis 2007. « Elles sont incitées à échanger cette liquidité excessive en euros pour la convertir en dollars par l’intermédiaire des contrats d’échange de devises (swaps), dont l’activité s’est fortement accrue », souligne un rapport trimestriel (1) de la Banque des Règlements Internationaux. Ces liquidités sont ensuite placées sur des actifs libellés en dollars comme les obligations d’Etat (Tbonds).

Les exportateurs européens qui récupèrent des dollars de leurs ventes aux Etats-Unis préfèrent laisser leurs dollars dans les coffres des banques américaines où ils sont mieux rémunérés que de les rapatrier sur le Vieux Continent. Ils seront d’autant moins incités à vendre leurs dollars contre des euros si la BCE poursuit sa politique de taux bas.

Nessim Aït-Kacimi

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