En 2001 déjà, on prévoyait déjà l’échec de l’euro alors Même que nous n’avions aucun recul historique

J’ai acquis une encyclopédie universalis, édition de 2002, imprimée en 2001, soit juste au moment de la création de la monnaie commune. Autant dire qu’à l’époque où on nous bassinait sur les avantages de cette monnaie, certains universitaires spécialistes de la monnaie prévoyaient déjà les difficultés inhérentes à la création de l’euro alors même qu’ils n’avaient aucun recul. J’en sais quelque chose : on nous a vendu l’euro comme un remède à nos problèmes … avec une intense propagande dont j’ai été le bénéficiaire en tant que lycéen attentif aux débats économiques.

La réalité des points de vue intellectuels sur la monnaie est la suivante : voilà ce que dit Dominique Lacoue-Labarthe en 2001 à la fin de l’article sur le franc français et dans le paragraphe sur la fin du franc (1999-2001):

“Les économistes cependant, seraient pleinement rassurés si la zone euro répondait aux critères d’une zone économique monétaire optimale. C’est assez loin d’être le cas notamment en raison de la faible mobilité des travailleurs et de la diversité des cultures. Quant à la stabilité dans la zone, elle dépend de la capacité de celle-ci à absorber des chocs extérieurs qui affecteraient de manière asymétrique les différentes régions. Or, sans budget fédéral assez important pour compenser ces chocs, sans possibilité d’ajuster le cours de change ou les taux d’intérêt, seul le salaire réel peut supporter l’ajustement. S’il ne le fait pas, c’est alors l’emploi ou l’inflation, sachant que, par ailleurs, un volume de chômage incompressible empêche seul l’inflation de s’accélérer. C’est dire combien peuvent s’avérer délicates la définition et la mise en oeuvre communes de la politique économique de la zone euro.”

Extrait du tome 9 de l’encyclopédie universalis, p. 697, colonne 2. L’auteur, Dominique LACOUE-LABARTHE, est professeur de sciences économiques à l’université de Bordeaux-IV-Montesquieu, directeur du Groupe de recherche en analyse et politique économiques, unité mixte du C.N.R.S. 5113

Le passage que j’ai surligné en gras est significatif : en l’absence d’ajustement du taux de change entre des pays européens aux caractéristiques différentes (productivité et discipline au travail notamment), la variable d’ajustement passe de la monnaie nationale aux … SALAIRES ! Et si les salaires ne peuvent pas baisser car il existe un salaire minimum, alors c’est le chômage qui explose, et donc la dette publique par les aides sociales.

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