Cette publication fait référence à une autre publication, plus ancienne. Je me dois ici de rappeler à la fois cette publication et de reposter l’interview de l’auteur du livre à partir duquel je développe cette réflexion et la présentation du NAIRU de l’économiste James Tobin.
Du fait de ma lecture de l’ouvrage de Pierre-Yves Rougeyron “Enquête sur la loi du 3 janvier 1973”, je développe fréquemment l’analyse suivante, également étayée par mes lectures sur la théorie et la pratique des politiques monétaires actuelles des principales banques centrales :
– L’absence d’étalon – donc d’étalonnage – de la monnaie par rapport aux métaux précieux depuis la fin du lien entre le dollars américain et l’or, appelle à l’existence d’un “point d’ancrage nominal” pour éviter une inflation trop importante et donc une perte de la valeur de la monnaie au fil du temps.
– Ce point d’ancrage nominal est de nos jours une cible de niveau d’inflation annuel (moins de 2% mais proche de 2% pour la BCE), principe jouant le rôle de l’or sous le système financier mondial de Bretton Woods).
– La France a toujours connu un niveau relativement élevé d’inflation, à contrario de l’Allemagne – traumatisée par l’hyperinflation sous la République de Weimar -, notamment via le recours fréquent aux dévaluations du franc français avant l’euro. C’était ces dévaluations qui permettaient de relancer l’économie, accroître la compétitivité, et faire baisser le chômage – au demeurant fort limité
– Par conséquent, il est aisé de déduire de cet extrait de l’ouvrage :
Comme Jean Serisé le déclare (conseiller proche de Valéry Giscard D’Estain au moment de la loi de 1973) “toutes les sociétés ont besoin de soupapes de sécurité : dans le temps c’était la monnaie, aujourd’hui c’est le taux d’emploi. La loi de 1973 apparaît alors comme un changement de paradigme avec l’abandon de la monnaie en tant que bien public au profit de l’emploi comme nouvelle variable d’ajustement. Autrement dit c’est le choix du chômage qui a été fait en 1972.
A terme, le chômage deviendra même une politique institutionnelle, autrement dit, le “taux de chômage minimum” qui doit être maintenu pour “garantir l’absence d’inflation”. Cette théorie a été formalisée par James Tobin d’après les recherches de Franco Modiglinani et Lucas Padademos. C’est à dire le NAIRU (Non-Accelerating Inflation Rate of Unemployment), taux de chômage n’accélérant pas l’inflation.
Taux de chômage n’accélérant pas l’inflation : liste des taux nécessaires pour se prémunir d’une inflation trop importante d’après les calculs de l’OCDE et du FMI (source wikipedia, à considérer avec précaution) :
Pays | 19806 | 19996 |
---|---|---|
Allemagne | 3,3 % | 6,9 % |
États-Unis | 6,1 % | 5,2 % |
France | 5,8 % | 9,5 % |
Japon | 1,9 % | 4,0 % |
Zone euro | 5,5 % | 8,8 % |
Vous noterez la différence entre la France et l’Allemagne, que la dernière statistique fait référence à 1999 soit il y a 16 ans, et que le taux de chômage NAIRU est déjà particulièrement élevé. Tout ceci est à rapprocher avec la naissance de l’euro, les concessions nécessaires à cet effet, et le niveau de chômage actuel.
Pierre-Yves Rougeyron : “le peu de marge de manoeuvre dont dispose encore François Hollande… ” voir la vidéo ci dessous.
Pour la France en 1999, l’OCDE estimait le NAIRU à environ 9,5 %. Il ne s’agit pas d’une recommandation, mais d’une estimation : ainsi, cela ne signifie pas que l’OCDE conseillait à la France de maintenir le chômage à au moins 9,5 % sous peine de créer de l’inflation en raison d’une hausse des salaires, mais simplement que selon l’OCDE, le cadre structurel de la France impliquait inévitablement un fort chômage, ou une accélération de l’inflation.
Vous pouvez lire le rapport de l’OCDE (en anglais) sans quitter mon blog en cliquant ici. Il serait particulièrement intéressant de dénicher une version plus récente de ce document (l’année 2000 est un peu loin derrière nous maintenant mais nul doute que le NAIRU a dû encore augmenter).